Faites-vous partie de ces personnes qui étudient mieux à la bibliothèque ?
Ou qui court plus vite en centre-ville ?
Ou peut-être que vous faites partie de ces personnes qui ne peuvent pas s’empêcher de vouloir être le premier partout sans trop savoir pourquoi ?
Si c’est le cas, alors vous faites l’expérience d’un phénomène appelé la facilitation sociale.
La facilitation sociale est un phénomène longuement étudié en psychologie sociale qui explique en quoi nos performances individuelles sont positivement influencées par la présence des autres.
I. Qu’est-ce que la théorie de la facilitation sociale ?
Cette théorie regroupe 2 phénomènes :
- La facilitation sociale ;
- L’inhibition sociale.
La facilitation sociale est un phénomène psychologique par lequel les performances d’un individu s’améliorent en présence d’autres personnes. Un concurrent, un public ou même un simple spectateur peuvent provoquer un tel effet.
Mais ce phénomène n’apparaît pas à tous les coups, car l’amélioration des performances d’un individu dépend de la tâche qu’il accomplit. Si bien que la facilitation sociale se produit lorsque l’on effectue une tâche simple ou que l’on maîtrise.
Alors que, lorsqu’il s’agit d’une tâche complexe ou nouvellement apprise, alors l’effet inverse se produit. On parle d’inhibition sociale. En conséquence, les performances sont moindres.
Dans cet article, nous allons nous concentrer sur la facilitation sociale.
Pour mieux comprendre ce phénomène, nous allons nous pencher sur les deux types de facilitation sociale :
- L’effet de co-action ;
- L’effet d’audience.
1. L’effet de co-action
Dans la vie de tous les jours, nous pouvons retrouver le phénomène de co-action à la salle de sport, par exemple.
Depuis quelques années, les séances d’entraînement en groupe ont gagné en popularité. Il nous suffit de suivre les instructions et les autres, puis c’est parti. Chaque personne effectue le même exercice au même moment, alors nous sommes influencés par la présence de personnes qui font la même chose que nous. C’est le cas de la Zumba par exemple.
Si vous entrez dans une salle de sport vide, alors vous aurez tendance à prendre place doucement. Mais si d’autres personnes arrivent quelques minutes plus tard, alors vous augmenterez l’intensité d’exercice, même si vous vous entraînez seul. De même, vous serez d’autant plus motivé pour courir plus vite et plus longtemps ou pour soulever des poids plus lourds lorsque vous aurez un partenaire plutôt que lorsque vous vous entraînez seul.
Ces personnes autour de vous sont appelées des observateurs actifs, car ils accomplissent la même tâche que vous.
Cet effet a notamment été documenté sur les performances motrices et cognitives.
Au niveau des performances motrices, les premières observations de la facilitation sociale par l’effet de co-action remontent à 1897. Un chercheur, Norman Triplett, fut le premier à étudier l’effet d’autrui sur les performances individuelles. Triplett chronométra la distance parcourue par un cycliste au sein d’un groupe et seul. Les résultats révélèrent des performances bien supérieures lorsque le cycliste se trouve au sein d’un groupe plutôt que tout seul. De plus, les résultats étaient d’autant plus fort lorsque le cycliste se trouvait dans un contexte de compétition.
Au niveau des performances cognitives, un cherche du nom de Floyd Alport étudia le phénomène en 1924. En se basant sur les expériences de Triplett, Floyd reproduisit les mêmes effets en demandant aux participants d’effectuer différentes tâches telles que des associations de mots et des calculs mathématiques. Les résultats confirmèrent les observations de Triplett, en ce que les participants obtenaient de meilleurs résultats en présence d’un groupe que lorsqu’ils travaillaient seuls.
Au final, le phénomène de co-action démontre que mettre des individus en compétition les pousse à se dépasser et à produire de meilleures performances.
2. L’effet d’audience
Votre performance s’améliorera en présence d’observateurs passifs, donc il s’agit d’un observateur qui « vous regarde » contrairement à l’effet de co-action au sein duquel l’observateur est actif et produit la même tâche que vous.
Cet effet a été documenté pour la première fois au début du XXe siècle par un professeur qui constata une meilleure performance de ses élèves à la réalisation d’une tâche lorsqu’il se trouvait dans la même pièce qu’eux, que lorsqu’il était absent.
Cette variante de la facilitation sociale s’explique également pour les artistes. Par exemple, certains chanteurs sont plus performants lorsqu’ils sont observés par un public large que lorsqu’ils répètent chez eux tout seuls. De même, les athlètes, les PDG, les danseurs, les acteurs et les musiciens donnent le meilleur d’eux-mêmes lorsqu’ils sont observés par un groupe de spectateurs.
Mais, il n’est pas nécessaire d’atteindre le statut de célébrité pour ressentir l’effet du public. Même si vos amis vous regardent faire le pitre chez vous, alors la facilitation sociale peut déclencher une performance exceptionnelle.
Bien entendu, tout le monde ne fonctionne pas de la même manière, et un public, aussi petit soit-il, peut dans certains cas provoquer de l’anxiété. Donc, votre performance sera moins bonne que ce que vous êtes capable de faire réellement. Par exemple, si vos amis ne vous ont jamais entendu chanter, alors la pression peut gâcher votre performance. Dans ce cas, vous tombez dans le phénomène d’inhibition sociale.
II. Pourquoi la facilitation sociale se produit-elle ?
La facilitation sociale est un phénomène psychologique qui ne se produit pas à tous les coups. En outre, chaque personne a des raisons différentes d’adopter un tel comportement. La recherche attribue trois raisons principales à notre besoin de mieux performer en présence d’autres personnes.
1. Le facteur cognitif
Lorsque vous êtes conscient du regard des autres, alors votre cerveau centre son attention sur l’exécution de l’action. Par conséquent, votre attention sera portée sur l’accomplissement d’un bon travail.
Mais, tout le monde ne bénéficie pas de cet effet positif. Certaines personnes deviennent plus concentrées, tandis que d’autres deviennent plus distraites.
Par exemple :
- Lire dans une bibliothèque aide certaines personnes à mieux se concentrer, car les autres personnes font la même chose ;
- Mais d’autres personnes (comme moi ^^) ne peuvent pas se concentrer dans une bibliothèque parce que la présence des autres les empêche d’être pleinement concentrés sur l’action.
Cette idée est soutenue par la théorie du conflit-distraction selon laquelle autrui serait une source de distraction. Cela produit un conflit d’attention entre l’exécution de la tâche et la prise de conscience des autres.
2. Le facteur physiologique
La facilitation sociale stimule vos performances selon votre niveau de compétence.
Si vous avez de longues heures de pratique derrière vous et que vous êtes un expert dans votre domaine, alors la présence des autres vous aidera à mieux réussir.
Mais si vos compétences sont moyennes voire faibles, alors il y a de fortes chances que vous fassiez moins bien que d’habitude. Il en va de même pour les tâches nouvelles ou exigeantes que vous ne connaissez pas.
3. Le facteur affectif
La présence d’autrui peut produire des effets différents sur chaque personne.
Certaines feront l’expérience d’anxiété tandis que d’autres se sentiront plus motivées.
Nous sommes sensibles à l’avis d’autrui. Alors dans un contexte de performance publique, forcément, cette anxiété sociale peut produire soit une paralysie soit un boost dans les performances.
III. Conclusion
La principale conclusion à tirer de ce sujet est que la présence d’autres personnes peut avoir un effet positif ou négatif sur vos performances, selon les circonstances. Cette prise de conscience peut vous aider à mieux vous préparer lorsque vous devrez accomplir des tâches en présence d’autres personnes.
Sujets similaires :
- Paresse sociale ;
- Théorie du drive ;
- Théorie distraction-conflit.
References:
Desbrosses S. (2007). « Dossier La Facilitation Sociale« . http://www.psychoweb.fr
Martens, R., & Landers, D. (2004, August 27). Evaluation potential as a determinant of coaction effects. Retrieved March 19, 2021, from https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0022103172900248
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